Ce que cachent les jupes des filles: - THRILLER PSYCHOLOGIQUE - Finaliste prix roman noir 2023 (French Edition) by Cécile Astachenko

Auteur:Cécile Astachenko [Astachenko, Cécile]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2024-02-05T23:00:00+00:00

CHAPITRE 18

Le soir des retrouvailles - 1992

« You can do

Whatever you feel »

YMCA Village People 1978

Ce n’était pas Hélène.

C’était Caroline.

Mais la ressemblance était frappante. Dix-sept ans plus tard, les traits de la cousine d’Hélène s’étaient affinés. Ses cheveux avaient été décolorés d’un blond presque blanc, plus courts, ils encadraient son visage sans le rétrécir. Elle les avait coiffés et laqués avec soin, dans de grandes boucles dessinées à la manière des pin-up. Son teint était poudré, dans des tons orangés et ses lèvres avaient été peintes d’un rouge brillant, comme une pomme frottée.

La robe qu’elle avait choisie rappelait son rouge à lèvre, mi-longue, les bras nus, cintrée à la taille, faisant ressortir ses larges hanches. Elle était terriblement élégante et son nez lui allait à merveille, désormais débarrassée de ses pommettes rondes d’enfant.

Hortense n’avait pas mis longtemps à comprendre qu’il ne s’agissait pas d’Hélène, mais ses jambes s’étaient dérobées sous elle un instant, et elle avait bien failli s’affaisser contre le chambranle de la fenêtre.

À présent, elle était assise en bout de table, face à tous ses convives déjà absorbés dans leurs discussions. Les garçons de service s’étaient déjà introduits dans la grande salle pour déposer les entrées, des verrines de saumon fumé au fromage blanc et au concombre. L’odeur aigre la prenait au nez. Hortense fixait son assiette, ne sachant pas comment entamer la conversation avec qui que ce soit.

À la place, elle avait attrapé la première des fourchettes qui se trouvait à côté de son plat et s’autorisa à détailler ses camarades.

Dominique l’avait saluée comme s’ils ne s’étaient jamais croisés, et n’avait pas beaucoup échangé avec les autres invités. Hortense aurait voulu trouver un moment pour lui parler, mais l’occasion ne s’était pas présentée. Depuis qu’ils s’étaient installés à table, il fixait le candélabre devant lui, mal à l’aise.

Le couple qu’il formait avec Caroline était dissonant, lui paraissait d’une prudente discrétion à côté de l’exubérance de sa femme.

Le port de tête de cette dernière était fier, elle se pavanait, à la manière d’une duchesse ayant remporté une victoire. Oui, Caroline vivait visiblement son heure de gloire. Hortense se dit que tous ses défauts avaient été exacerbés par l’âge. Caroline aurait très bien pu s’assagir avec le temps, et laisser derrière elle le vilain petit canard gâté. Mais ce n’était pas la voie qu’elle avait choisie apparemment.

Dessinait-elle toujours ? Elle en doutait. Cette constatation laissa Hortense amère. Elle avait toujours cru au bon fond de Caroline, enfin toujours… Un temps du moins. Aujourd’hui, l’once de bienveillance qu’elle avait espéré trouver en elle semblait s’être évaporée pour de bon.

Claire Dirckx ou plutôt Mme Lefebvre — Hortense avait du mal à s’y faire — n’avait quant à elle fait aucune vague. Elle avait salué tout le monde très brièvement et était partie en bout de table, s’asseoir à côté de son mari, froide et muette. Il était évident que quelque chose la contrariait. Mais visiblement, cela n’intéressait pas Claude le moins du monde.

Elle se tenait droite dans sa robe portefeuille crème, des boucles d’oreilles

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